Moment de vacillement et fin des cours
Le tour de Rina est enfin venu, j’espère pour elle qu’elle a préparé un petit speech avant sa présentation. Comme elle est du genre un peu maladroite en public, il serait malencontreux de rater son intro dès le début…. n’est-ce pas ?
À l’entente de son nom, Rina se lève instantanément, presque par réflexe, faisant bouger bruyamment sa chaise.
Avec sa main droite et sans regarder derrière elle, elle se saisit de la chaise pour la stopper dans son vacarme et la remettre correctement en position.
Awawawawa, j’ai même pas encore commencé que déjà je me fais remarquer.
“…-mizu-san ?”
C’est pas le moment de paniquer, je dois me reprendre.
“…Shimuzu-san ?”
D’habitude je n’ai pas de problème pour parler en public, pourquoi je panique d’un coup comme ça ?
Perdue dans sa confusion, Rina ne se rend même pas compte que Onigawara-sensei l’appelle.
“Shimizu-san ? Tout va bien ?”
Rina percute au bout d’un moment, elle regarde avec désaroie le professeur stagiaire.
“Oui ?!”
“Quelque chose ne va pas Shimizu-san ? Tu as l’air toute pâle.”
Cela faisait un éternité que Rina n’avait pas dû se présenter seule devant une classe où elle ne connaît quasiment personne.
D’habitude, Sophie et Aya sont à ses côtés pour lui donner force et courage dans ces situations.
“Excusez-moi, tout va bien. J’étais juste perturbée par le bruit que ma chaise à fait quand je me suis levée, haha…”
Il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir prétendre être une adulte accomplie. Commençons déjà par la confiance en soi peut-être, non ?
Confuse, Rina a les yeux qui tournent dans tous les sens à cause du stress, elle cherche inconsciemment des repères autour d’elle pour se rassurer.
*Psst*
Un bruit sur la gauche vient titiller l’attention de Rina.
Elle regarde discrètement par-dessus son épaule.
Ooshima interpelle Rina, il la regarde avec compassion et lui dit en chuchotant.
“Fight on.”
Elle ferme ses yeux l’espace de deux secondes pour reprendre ses esprits.
Minato-kun a raison, je ne peux pas me ridiculiser devant tout le monde juste parce que je stresse un peu. Aller Rina, tu peux le faire.
“Hum, désolé Onigawara-sensei, j’étais ailleurs pendant quelques instants.”
“Pas de problème, tu peux commencer ta présentation.”
“Bonjour à tous et à toutes, je suis Shimizu Rina. j’ai 17 ans, je ne suis inscrite dans aucun club pour l’instant et mon plat préféré sont les cookies donc si vous avez l’occasion d’en faire, je serai ravie de vous faire profiter de mon expertise.”
Dit-elle tout en se léchant discrètement les babines.
Une fille dans la classe se manifeste auprès de Rina.
“Shimizu-san, le club de cuisine commence son activité dès demain et il se trouve que le traditionnel premier repas que l’on confectionne sont des cookies. Si ça t’intéresse tu pourras venir nous voir au club.”
“Je n’ai jamais entendu parler d’une telle tradition au sein du club de cuisine ces dernières années ! J’aurais raté plusieurs occasions de profiter de cookies bien chaud… Bien sûr que je passerai demain.”
“Haha, avec plaisir, peut-être que tu voudras rejoindre le club après avoir été victime de nos plats succulents. »
“Si vos créations sont meilleures que celles de ma mère, je pourrais me laisser tenter.”
Fujisaki-sensei tape quelques fois dans ses mains pour attirer l’attention des élèves.
“Merci Shimizu-san pour ta présentation mais si vous le voulez bien, nous allons continuer. Vous parlerez de vos activités de club après les cours, il reste encore pas mal d’élèves à passer et on arrive bientôt à la fin de la journée.”
Rina se rassoit tranquillement tout en relâchant la pression. Une discrète expiration de soulagement s’échappe de sa bouche.
Ouf, j’ai réussi à m’en sortir au final, c’était pas si compli-
“C’était pas si compliqué au final.”
“Tu lis dans mon esprit ou quoi, je commence à avoir des doutes sur toi Minato-kun.”
“Haha, c’est surtout que tu es facile à comprendre. Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert.”
“Je ne sais pas si je dois te remercier de m’avoir aidé tout à l’heure ou si je dois me vexer de ce que tu viens de dire.”
“J’accepte volontiers les compliments.”
“On va dire que ça s’annule, donc tu n’auras aucune louange de ma part.”
“Radine.”
“Humpf.”
Les élèves enchaînent leurs passages jusqu’au moment fatidique de…
*Sonnerie*
… la fin des cours. On se fait toujours couper la parole, c’est terrible ça quand même.
Sur cette douce et salvatrice mélodie, les étudiants entendent sonner le glas de la liberté.
La première journée d’école est terminée.
Enfin presque.
“Merci à tous et à toutes d’avoir joué le jeu, Onigawara-sensei va vous donner un document avant que vous ne partiez. Il s’agit d’un fascicule regroupant toutes les informations sur les clubs et les associations du campus.”
“N’oubliez pas que votre participation aux clubs et à la vie du campus peuvent vous rapporter des points sur votre carte étudiante, vous avez tout intérêt à vous investir.”
La classe se vide petit à petit.
Rina, elle, s’étire sur son bureau comme si elle était complètement lessivée.
“Je ne saurais pas dire si c’est la meilleure ou la pire journée de l’année.”
“La pire je peux comprendre, mais la meilleure ? Je t’imagine mal être le genre de personne à être heureuse de reprendre l’école après plus d’un mois de vacances.”
“Tes sous-entendus sont déplacés Minato-kun. On ne dirait pas comme ça mais je suis une élève assidue et très volontaire, chaque année je suis impatiente de reprendre les cours et les vacances sont un véritable supplice pour moi…”
“C’est bizarre, ça sonne faux pour mes oreilles. C’est quoi la vraie raison ?”
“Arf… Bon ok, c’est surtout parce que ça fait longtemps que je n’ai pas vu mes amies et quand on est en cours, c’est là que je les vois le plus.”
“Hum, c’est un peu raté cette année du coup… vu que tu n’es pas avec elles je veux dire…”
Le visage larmoyant de Rina surprend Minato, ces grosses larmes de crocodiles sont authentiques.
“Mais !”
“Mais ?”
“Tu as toujours la possibilité de les voir entre les cours et après aussi.”
Et bien sûr on n’oublie pas que l’un des objectifs de Rina cette année est aussi de se débrouiller seule et de se faire de nouveaux amis hein…
“Si tu le dis…”