Les Sakai arrivent, part. 1
Compressé contre la poitrine de la mère de Sophie, le visage de Rina montre des signes de suffocation.
*Bruits d’étouffement*
“Maman !”
“Tu en fais un peu trop Ashley, tu vois bien qu’elle n’arrive plus à respirer.”
“Oups, excuse moi Rina. Cela faisait si longtemps que je ne t’avais pas vu, je n’ai pas pu m’en empêcher.”
Elle relâche son étreinte de la pauvre Rina qui reprend alors sa respiration dans la confusion la plus totale.
“C’est… C’est bon, je reviens à moi…”
Sophie tapote gentiment le dos de son amie.
“Yosh yosh, voilà, respire bien.”
“Excuse ma femme Rina, elle a tendance à perdre son sang froid quand elle voit des jeunes filles de l’âge de Sophie.”
“Je n’y peux rien, c’est mon instinct maternel qui prend le dessus. Quand je vous vois toutes les deux si mignonnes, cela me fait penser à Sophie quand elle n’était encore qu’une enfant… Ah mais ne t’inquiètes pas, tu es toujours aussi craquante ma chérie, encore plus qu’avant d’ailleurs !”
“Oui, j’ai compris maman. Mo~ il va vraiment falloir que tu revois ton comportement, tu me fais honte.”
*Petits sanglots simulés*
“Ma fille me fait des remontrances, boo~ boo~ ”
Cela faisait bien deux ou trois ans que Rina n’avait pas eu l’occasion de parler aux parents de Sophie. Elle en avait presque oublié que la mère de celle-ci est du genre exubérante avec ceux qu’elle apprécie, notamment les amies de sa fille.
“Dis moi Rina, tes parents ne sont pas encore là ? »
“Hum, pour ce qui est de mam- … de ma mère, elle est sans doute encore en train de régler quelques affaires avec des clients et mon père doit être quelque part dans la zone en train de passer la serpillière. Désolé pour ça monsieur White, ils vous invitent mais ne sont même pas là pour vous accueillir.”
“Haha, tu peux m’appeler Paul tu sais. Je ne suis pas trop porté sur les formalités, on est entre connaissances.”
Une main se lève derrière l’épaule de Paul.
“Et moi tu peux m’appeler Ashley, tu peux même m’appeler Maman si tu le veux.”
“Maman !”
“C’est trop indélicat ? Pardon, pardon…”
“Je vous appellerai Paul-san et Ashley-san alors.”
Pendant ce temps là, quelque part dans le ryôkan, Elsa est à la recherche de son cher et tendre.
“Bon sang, où est-ce qu’il a bien pû passer…”
“Madame, vous cherchez quelque chose ?”
“Ah, Satsuki, tu tombes bien. Tu n’aurais pas vu la chose que me sert de mari ?”
“Monsieur ? Et bien il était en train de sortir les poubelles des cuisines il n’y a même pas cinq minutes.”
“Comment ?”
“Il a fini de nettoyer le hall peu après que Rina soit arrivé, et vu qu’il restait encore du temps, il est parti aider en cuisine.”
“Il sait qu’il est le patron d’un établissement prestigieux ? Sortir les poubelles, ce n’est pas une image à donner auprès de nos clients.”
“Les employés apprécient beaucoup les petites attentions de monsieur, ils sont heureux de voir que leurs employeurs sont des gens à l’écoute et bienveillants. »
“Tu le penses ?”
“Oui, j’en suis même sûre.”
“Hum, je le prendrai en considération quand je le retrouverai. Je vais aller en cuisine, merci Satsuki.”
“Avec plaisir Madame.”
Au même moment, de l’autre côté du bâtiment, la porte d’entrée de service des cuisines s’ouvre.
“Merci encore pour votre temps Monsieur Shimizu.”
“Pas de problème. Je vous ai privé de Rémy-san pour le service du soir, il est normal que je vienne voir comment vont les équipes.”
“Pourrons-nous rediscuter plus tard des propositions de l’équipe pour le menu spécial automne ?”
“Bien sûr, on organisera une petite réunion d’ici mardi prochain, je vous tiendrai au courant au plus tôt.”
La porte se referme, couvrant les voix de l’équipe de cuisine qui reprennent le travail.
Bombant le torse et prenant une grande bouffée d’air frais, la fierté d’avoir accompli une bonne action se fait ressentir…
*Lourde expiration*
… ou plutôt un soulagement ?
“Me faire faire des tâches ménagères le soir même où l’on doit recevoir des invités. Que vont penser les employés s’il découvre que c’est Elsa qui tire les ficelles…”
Une main masculine vient se poser sur l’épaule de ce cher papa-san.
« Ça me semble pourtant évident, tout le monde est au courant que c’est Elsa-san la vraie boss ici. N’est-ce pas Naoki ?”
Le patron des lieux se fige et son visage vire au blanc. En se retournant, il découvre avec stupeur l’identité de l’homme qui vient de le surprendre.
“Ah…”
Un homme aux longs cheveux bouclés, à la petite barbichette, et bronzé comme pourrait l’être un surfeur ayant passé sa vie sous le soleil des tropiques apparaît sous les yeux écarquillés de Naoki.
“Toujours fidèle à toi même, n’est-ce pas ? Par contre, il faut que tu sois plus discret la prochaine fois que tu comptes te plaindre. Les lamentations en public, c’est jamais bon pour le commerce, haha !”
“Ta- … TAKAO ?!”
« Lui-même, et je ne suis pas venu seul, tu te doutes bien.”
Derrière lui, deux silhouettes familières.
“Bonsoir Naoki-san, ça faisait un bail.”
“Bonsoir Shimizu-san, merci de votre invitation.”
La famille Sakai débarque sur son 31.
“Vanessa-san et Aya-chan, bonsoir à vous. Mais je ne m’attendais pas à vous voir ici. Personne n’est venu vous chercher ?”
“On est bien aller à l’accueil, votre réceptionniste nous a dit qu’on te trouverait ici.”
“Et ça tombe bien, je viens de finir une importante réunion avec mon équipe en cuisine, je m’apprêtais justement à rejoindre le pavillon pour vous accueillir.”
“Une importante réunion hein ? On va dire ça comme ça.”
“Pas la peine d’en rajouter. Suivez moi mesdames, voici le chemin vers le Pavillon d’Or pour la réception de ce soir.”
“Ara, c’est bien trop aimable. Viens Aya, suivons ce gentilhomme.”
*Petits ricanements*
“Naoki, petit fourbe. Tu arrives toujours à tourner la situation en ta faveur.”
“C’est ce qu’on appelle le professionnalisme.”
“Elle est bien bonne celle là, content de voir que tu n’as pas changé en tout cas.”
“hum.”